Saul Leiter

Réalisé sous le commissariat de Agnès Sire
Flyers Saul Leiter

Saul Leiter par Agnès Sire
commissaire de l’exposition

           Les photographies sont souvent considérées comme la réalité pure, mais en fait elles sont de petits fragments de souvenirs de ce monde inachevé. Saul Leiter est un homme pudique, qui s’exprime par aphorismes et ironise sur son flegme.
La redécouverte récente de son travail le surprend, l’amuse, l’indiffère; il regrette néanmoins que les disparus chers à son coeur ne puissent partager ces moments avec lui, tout en poursuivant, goguenard, son chemin vers la librairie où il passe une grande partie de son temps. « J’ai un grand respect pour le désordre, dit-il, le jugement le plus sérieux que je peux avoir sur mon travail, c’est qu’il est inachevé et c’est l’inachevé qui m’attire. »

Né à Pittsburg en 1923, fils d’un rabbin réputé, le jeune Leiter est destiné aux études théologiques. Il s’intéresse davantage à la peinture et part pour New York en 1946, totalement incompris par son père qui n’avait aucune estime pour la photographie. « C’est sans doute pour cela que je fais profil bas, j’ai été habitué à la désapprobation ». Saul Leiter est coupable de photographier, coupable d’avoir désobéi mais néanmoins à l’écoute totale de son propre imaginaire. Il cherche à capter un sentiment profond, au hasard des rues, sans velléité sociale ou documentaire, têtu dans son approche, préférant poursuivre sa voie plutôt que d’entrer dans un moule. Sa rencontre à New York en 1946 avec le peintre Richard Pousette-Dart est décisive, comme l’est aussi la visite de l’exposition Henri Cartier-Bresson au MoMA en 1947 : il comprend que la photographie peut être une forme d’art et emprunte un appareil photo tout en continuant la peinture et les pastels. Proche de l’expressionnisme abstrait dans ses photographies couleur, on sent déjà la tentation de l’abstraction dans ses premières images en noir et blanc. Il a souvent été associé à la « New York School » et la Photo League projetait une exposition de son travail associé à celui de Robert Frank quand finalement leur activité cesse en 1951. Cependant, son rapport au temps, l’intuition profonde du moment où l’on s’abandonne, son goût pour le désordre, la solitude et la fugacité des choses en font un artiste à part, peu soucieux de se situer dans un courant. En 1953, Steichen, alors conservateur au MoMA de New York l’invite à participer à une exposition restée gravée dans les mémoires « Always The Young Stranger » en compagnie de Roy DeCarava et Leon Levinstein. Mais c’est grâce à l’intermédiaire de Robert Frank qu’il rencontre Alexey Brodovitch, alors directeur artistique de Harper’s Bazaar : « ce sont des oeuvres pour les musées que vous me montrez là et pas des pages de magazines… » Finalement c’est Henry Wolf, pour Esquire, puis Harper’s Bazaar qui lui confiera ses premières commandes.

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